conférence débat sur le droit international
par Daniel Durand
Le 20 Septembre 2025 15h-19h30 Salle Cinéma Associatif de Civray
Programme de la journée
15 h, accueil et présentation de l'intervention de Mr Daniel Durand et du partenariat Cinéma-Comité du Mouvement de la Paix86, puis projection du film "Un médecin pour la paix » de Tal Barda : la réalité de Izzeldin Abuelaish, médecin à Gaza"
16h45, recueil de réactions, tour de table du public après visionnage du film " Un médecin pour la paix"
17h, Conférence; de Mr Daniel Durand: ""l'ONU, la Charte de l'ONU et le droit international: Où en est -on, quelles perspectives pour la paix ?""
18h30- 19h30 Débat avec la salle

Daniel Durand a été le secrétaire national du Mouvement de la Paix de 1994 à 2002. En 2002, il redevient étudiant à l'Université Pierre Mendès-France, à Grenoble où il obtient un DEA, option "Sécurité internationale et défense". Il entame ensuite une thèse au CESICE (Centre d'études sur la sécurité internationale et les collaborations européennes), sur "La France et le désarmement depuis la fin de la Guerre froide". A la suite de cette dernière, il rejoint l'IDRP où il devient chercheur en relation internationales.
Daniel Durand a publié plusieurs ouvrages sur le désarmement, les institutions internationales et l'action pour la paix. Son dernier livre, paru en 2018, s'intitule "1914-1918, cent ans après, LA PAIX !". Par ailleurs, il tient un blog sur le multilatéralisme et la paix.
Daniel Durand est le président de l'IDRP depuis avril 2022.
Daniel DURAND, « Droit International et souverainetés étatiques: vers l'inversion de la puissance?"
Le droit humanitaire international est systématiquement foulé aux pieds" (Croix-Rouge internationale), partout, les commentateurs estiment que le multilatéralisme est affaibli, que le droit international est impuissant devant la puissance des États. Dans le même moment, jamais les avis, les remarques ou décisions d'instances comme la Cour internationale de justice, la Cour pénale internationale, les résolutions du Conseil de sécurité ou de l'Assemblée générale des Nations unies n'ont été aussi précises et n'abordent des sujets aussi sensibles (illégalité de la colonisation israélienne, risques de génocide à Gaza). Cette dichotomie peut-elle perdurer ou le droit international peut-il devenir lui-même un instrument de puissance au service des peuples et des pays émergents, en affaiblissant durablement la puissance brute des États dominants ? Quels en sont les signes précurseurs aujourd'hui ? N'est-ce pas au cœur de cette confrontation que réside la transformation de notre monde, l'affaiblissement des dominations mondiales, une véritable "révolution" des rapports planétaires ?
80e anniversaire des Nations unies : en 1945, la création d’une « copropriété commune planétaire »
La conférence mondiale rassemblant une cinquantaine d’États se déroulait du 25 avril au 26 juin 1945 et jetait les bases de la création des Nations unies. L’organisation mérite aujourd’hui d’être mise à jour.

Daniel Durand
Chercheur en relations internationales
Le 25 avril 1945, s’ouvrait la conférence de San Francisco, réunissant 50 États. Elle adoptait dans sa séance finale, le 26 juin 1945, la charte des Nations unies. La ratification définitive de celle-ci eut lieu le 24 octobre 1945 et permettait la création de l’Organisation des Nations unies (ONU).
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la création des Nations unies, reposant sur une charte commune, avec des structures comme l’Assemblée générale et surtout le Conseil de sécurité, pouvait être vue comme une construction un peu extérieure aux peuples, même si sa charte commence par « Nous, les peuples ». Elle était d’abord un accord, un compromis entre grandes puissances, entre vainqueurs de la guerre.
Aujourd’hui, la planète a profondément changé : tous les États du monde sont membres des Nations unies (près de 200 aujourd’hui), tous les grands problèmes posés à l’humanité sont globalisés à l’échelle de la planète (de l’environnement à la guerre) et un réseau dense d’organisations onusiennes (OMS, FAO, Unesco…) fournit des normes à tous les aspects économiques et culturels de la planète.
Comprenons que nous avons construit en quatre-vingts ans une « maison commune planétaire », ou plus précisément, une « copropriété commune planétaire », avec son conseil syndical (le Conseil de sécurité), son règlement de copropriété (la charte des Nations unies) et son assemblée des copropriétaires (l’Assemblée générale). Si nous n’avions pas établi ce règlement de copropriété, cette charte des Nations unies, en 1945, dans les ruines mais aussi les espoirs de la Libération, il serait aujourd’hui impossible, à froid, de le refaire.
Il faut avoir une réflexion renouvelée sur le monde actuel. Dans cette analyse, il faut prendre comme une chance plusieurs innovations de la charte des Nations unies : la création des bases d’un monde multilatéral, puisque les votes à l’Assemblée générale reposent sur le principe un membre, une voix, même si, au Conseil de sécurité, c’est une sorte de représentation « par tantième » (les cinq membres permanents et leur droit de veto) qui a été imposée au départ. L’innovation principale est d’avoir établi un règlement de copropriété, qui établit comme priorité absolue de « réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international » le règlement des conflits.
C’est cette exigence absolue du droit international qu’essaient de cacher, de travestir, d’affaiblir les grandes puissances étatiques depuis quatre-vingts ans. Nous devons nous imprégner de cette réalité : « Nous les peuples, nous sommes dans notre maison commune, notre copropriété commune. Nous avons notre règlement de copropriété et nous sommes responsables collectivement de le faire appliquer, voire de l’améliorer, face à quelques gros bras qui voudraient nous imposer leur interprétation du règlement de copropriété. »
En 2024, malgré les horreurs de conflits sanglants à Gaza, en Ukraine, au Congo, le droit et la justice internationale ont fait irruption sur la scène politique mondiale au travers des décisions et avis de la Cour internationale de justice sur le risque de génocide à Gaza et l’illégalité de l’occupation israélienne, sur les mandats d’arrêt délivrés contre Poutine en 2023 et Netanyahou en 2024.
Voyons bien que le respect et l’application de ces décisions progresseront parallèlement à la perception que nous sommes dans une communauté mondiale et qu’il est normal d’y appliquer des règles. Quatre-vingts ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le logiciel d’approche des relations internationales doit être mis à jour. Il faut changer de perspective et passer d’une perception « extériorisée » des Nations unies à une perception « intériorisée » de celles-ci, de leur charte comme notre règle de vie commune.
Si nous avons cette vision intériorisée, cette volonté de s’approprier notre copropriété commune, nous lèverons des obstacles à la construction de grandes luttes pour la paix. Il deviendra possible de développer des campagnes d’opinion et des actions plus puissantes à l’échelle mondiale. L’action pour gagner des réformes de structure (réforme du Conseil de sécurité ou place de la société civile) changera de nature. Nous possédons notre copropriété commune, mais, il y a dans le « conseil syndical », une minorité de blocage qui empêche un fonctionnement profitable à tous.
Nous devons isoler cette minorité, faire prendre les bonnes décisions, pour la paix, le développement, la sauvegarde de la planète. Si nous faisons comprendre ces enjeux aujourd’hui, la puissance peut changer de camp. C’est cela, grâce aux Nations unies et au droit international, notre chemin d’horizon. Cette approche renouvelée des relations internationales suscite beaucoup de questions et mérite un large débat. 2025, année du 80e anniversaire de la création des Nations unies et de leur charte, doit en être l’occasion !
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